Vautour et la Colombe (Le)
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Paratexte
Texte
La timide colombe erroit dans un bocage,
Pleurant le compagnon de ses chastes amours,
Et poussant vers l'auteur de ses malheureux jours
Les cris plaintifs de son veuvage.
Quand des oiseaux le plus pervers,
L'implacable tyran des airs,
Le vautour, planant sur sa tête,
Fondit sur l'innocente bête
La déchire et l'immole à sa faim ;
Mais dans l'instant il est lui-même atteint
D'un trait mortel qui l'étend sur la place,
Et le laisse sans mouvement.
On court, on voit avec étonnement,
Cet oiseau cruel et vorace
Rongé par un essaim d'insectes odieux,
Qui de son vivant même en faisoient leur pâture,
Lorsqu'il ravageait tous les lieux
Qu'avoit embelli la nature.
Grands de la terre entendrez-vous ma voix ?
Par vous foulé, le peuple est aux abois,
Mais des serpens, l'espèce la plus vile,
Courtisans, faux amis, maîtresses, bas valets,
En vous rongeant, vengent par leurs forfaits
Le sang du peuple et celui du pupile.