Vers faits en voyant un portrait de M. de La Fayette, commandant-général de la Garde nationale de Paris

Année de composition

1790

Genre poétique

Description

Texte

Dans ce tableau je reconnais l'image,
Tout à la fois d'un guerrier, et d'un sage ;
À l'école de Washington
Il a fait son apprentissage ;
Rival des Brutus, des Caton,
Par ses vertus, par son courage,
De ces héros dont Rome a consacré le nom
Il a les mœurs, et le langage.
Mais il jouit d'un destin plus heureux ;
Ils ont, en expirant, vu tomber leur patrie
Sous l'effort de la tyrannie ;
La Fayette d'un joug honteux
Par ses nobles travaux voit la sienne affranchie.
Apôtre de la liberté,
Pour elle osant tout entreprendre,
Il sut, dès l'âge le plus tendre,
Avec une égale fierté
Et la prêcher, et la défendre.
Ce guerrier philosophe emprunte le secours
De l'épée et de l'éloquence ;
Utile également au repos de la France
Par ses faits, et par ses discours.
Loin de sa patrie agitée,
Il a, des tyrans de l’État,
Vu fuir, à son aspect, la horde épouvantée ;
Sage au conseil, intrépide au combat,
Il a rendu l'espoir à la France alarmée,
Et nos fiers ennemis le craignent au Sénat,
Comme à la tête d'une armée.

 
 

Sources

Almanach des Muses de 1791, ou Choix des poésies fugitives de 1790, Paris, Delalain, 1791, p. 69-70.