Couplets impromptus sur la conquête de Toulon

Auteur(s)

Année de composition

1793

Genre poétique

Description

Huitains d'heptasyllabes en rimes croisées

Musique

Paratexte

Chantés le 6 nivôse, à la séance de la société populaire et républicaine de Roye

Texte

Air : Aussi que la lumière…

Quel son frappe mon oreille,
Et vient dilater mon cœur ?
La nymphe aux cent voix m'éveille
Au bruit si doux du bonheur.
Dieu ! Quels transports ! Quelle ivresse
S'empare de mes esprits ?
Tout commande l'allégresse :
Français, Toulon est repris.

Prétendois-tu sur ces plages
Superbe tyran des mers,
Anglois, à ces beaux rivages
Donner des lois et des fers ?
De tes noires perfidies
Tu reçois le digne prix ;
Malgré cent trames ourdies,
Toulon par nous est repris.

As-tu perdu la mémoire
De ta défaite à Mahon,
Et crois-tu que la victoire
Soit l'esclave d'Albion ?
Tes échecs dans la Belgique
À tes forfaits réunis
Disoient d'un ton prophétique
Que Toulon seroit repris.

Cette cité reconquise
Par un succès aussi prompt,
Aux enfans de la Tamise
Imprime un sanglant affront.
De ces forbans sanguinaires
Devant la raison flétris
Rions des plans téméraires ;
Toulon par nous est repris.

Quelle flatteuse espérance
Font éclore nos lauriers ?
C'est sous le ciel de Provence
Que croyssent les oliviers :
De la paix le doux présage
Naît de ces rameaux chéris :
Je vois la fin de l'orage
Lorsque Toulon est repris.

Vous soldats intrépides
Vengeurs de la Liberté,
Pour tant de succès rapides
Salut et fraternité !
Du Calabre et de l'Ibère
Vils enfans de Sybaris
Vous avez purgé la terre !
Toulon par vous est repris.

Parmi nos chants de victoire
Dieu bon, exauce nos vœux ;
Seul tu mérites la gloire :
Que la paix nous rende heureux !
Quand ces voûtes retentissent
De nos refrains favoris,
Que Pitt et Cobourg frémissent,
Puisque Toulon est repris.

 
 

Sources

AN, F17 1008D.