Fondation de la République, 1er vendémiaire an 7
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Paratexte
Texte
Chant dithyrambique
Du trône et de l'autel la longue tyrannie
Pesait sur le peuple écrasé
Mais il se lasse enfin de tant d'ignominie ;
La République naît, le despotisme impie
Fuit de son palais embrasé.
Elle naît… et je crois entendre
Ses brillans destins proclamés,
Aux yeux de ses voisins contre elle tous armés,
Tandis que les Francs seuls sont là pour la défendre.
Vers les remparts de la cité,
Un aigle monstrueux presse son vol rapide :
Mais il songe au berceau d'Alcide ;
Il voit l'enfant colosse… Il fuit épouvanté.
Chantons la République en lauriers si féconde ;
Qu'elle anime à la fois et nos cœurs et nos chants !
Que puissante toujours elle ait l'amour des Francs,
Comme elle a les respects du monde !
Salut à ses proclamateurs !
Célébrons ce Sénat auguste,
Ingrats contemporains, redoublez vos clameurs ;
Mais la postérité plus juste
Dira : Tout fut par lui retiré du chaos ;
Nous lui devons nos lois, nos vertus, nos héros ;
À sa voix tout reprend une forme nouvelle ;
Et grand dans les succès, plus grand dans les revers,
S'il faiblit quelquefois… c'est Atlas qui chancelle
Sous le poids du vaste univers.
Chantons la République en lauriers si féconde ;
Qu'elle anime à la fois et nos cœurs et nos chants !
Que puissante toujours elle ait l'amour des Francs,
Comme elle a les respects du monde !
Voyez-vous de héros ce groupe triomphant,
Armés pour la patrie et morts en la sauvant ?
Faut-il taire leurs noms ? Ah, le cœur les publie !
Ils débordent comme un torrent
De la mémoire enorgueillie :
Dugommier, Dagobert, Laharpe, Hoche, Marceau… !
Muse, dis leurs exploits ; et devant ce tableau,
Que l'Antiquité s'humilie !
Chantons la République en lauriers si féconde ;
Qu'elle anime à la fois et nos cœurs et nos chants !
Que puissante toujours elle ait l'amour des Francs,
Comme elle a les respects du monde !
Voulons-nous la léguer à nos heureux enfans,
Toujours grande, puissante et belle ;
Ah, ce n'est point assez et pour nous et pour elle,
Que d'illustrer ses premiers ans :
L'œuvre de la valeur cède à la faux du temps ;
C'est avec des vertus qu'on la rend éternelle.