À Évariste Parny sur ce qu'il n'a pas inséré dans la dernière édition de ses œuvres les vers qu'il m'adressa en 1782, et qui se trouvent dans toutes les éditions précédentes

Année de composition

s.d.

Genre poétique

Description

Octosyllabes

Paratexte

Texte

Sous le règne de Robespierre,
Lorsque les voiles de la mort,
Entouraient déjà ma paupière,
Je disais, calme sur mon sort :
Si le tyran, dans son délire,
Doit un jour me sacrifier,
Je ne mourrai pas tout entier ;
Parny pour moi monta sa lyre.
Avec avantage cité
Par le chantre d'Éléonore,
Peut-on me contester encore
Mes droits à l'immortalité ?
À ma brillante renommée,
Las ! J'apprends que j'ai survécu ;
Parny, tu m'as trop convaincu
Que la gloire n'est que fumée :
Ils sont bannis de ton recueil
Tes vers, les titres de ma gloire,
Que je citais avec orgueil,
Qui devaient m'assurer l'accueil
Des doctes filles de mémoire.
En France, il n'est plus de proscrits,
Grâce au régime consulaire ;
Au nom du monde littéraire,
Au nom des Grâces et des Ris,
Je demande pour tes écrits
Une indulgence aussi plénière :
D'ailleurs, nous retirant tes dons,
Crois-tu qu'Apollon te pardonne ?
Parny, c'est autant de fleurons
Que tu soustrais à ta couronne.

 
 

Sources

Almanach des Muses pour l'an XIII, ou Choix des poésies fugitives de 1804, Paris, Louis, an XIII, p. 133-134.