Hymne pour la fête du Neuf Thermidor
Mots-clés
Musique
Paratexte
Texte
Vil oppresseur, monstre perfide
Ton âme, sourde à nos douleurs,
Dans son ivresse parricide
Boit notre sang avec nos pleurs.
Frémis, tyrans, le peuple tonne !
Des cachots, de ces lieux d'horreur
Que créa ta sombre fureur,
La mort s'élance sur ton trône !…
Frappons, perçons ces voûtes sombres,
Sauvons d'infortunés proscrits :
J'entends gémir de pâles ombres
Dont ces murs repoussent les cris.
Le désespoir qui les dévore
Renaît du repos de leur cœur ;
Mais il existe un Dieu vengeur,
Et tout un grand peuple l'implore.
Tombez avec la tyrannie,
Sombres tours, où d'affreuses lois
De l'innocence et du génie
Ont long-temps étouffé la voix.
Que, dispersés sur ce rivage,
Vos noirs débris, encor fumans,
Attestent nos nouveaux sermens
Et notre horreur pour l'esclavage.
Êtres souffrans, victimes chères,
Quoi ! Vous tombez à nos genoux ?
Levez les yeux, voyez vos frères ;
Vous êtes libres comme nous.
Revivez pour des jours de gloire,
Revivez pour la liberté :
On outragea l'humanité,
C'est à vous d'orner sa victoire.
Sources
Œuvres de P.-L. Carré, Paris, Trouvé, 1826, p. 31-32.