À M. Dougados (P. Venance, capucin), qui dans une émeute avait le premier couru aux armes, pour arracher à la populace un homme qu'elle voulait pendre
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Texte
Quoi ! Vous aussi, courageux cénobite,
Vous allez, avec un mousquet,
Sur quelques mécréants répandre l'eau bénite,
Et vous avez quitté la besace d'ermite
Pour la giberne et le bonnet !
Qu'on vienne, après cela, railler en ma présence
Les timides fils d'Apollon !
Horace, je l'avoue, était un peu poltron ;
Boileau suivait de loin le héros qu'il encense ;
Mais la Grèce eut Tyrtée, Eschyle, Xénophon,
Et notre siècle a vu Frédéric et Venance.
Votre nom va grossir la liste des héros :
Cette métamorphose, ô mon cher camarade !
Est de celles que Benserade
Aurait bien dû mettre en rondeaux.
Pourtant, si vous daignez m'en croire,
Vous n'exposerez point à des dangers nouveaux
Des jours si chers aux filles de mémoire.
Que pour vous l'Hélicon soit le champ de la gloire :
Et lorsque vous verrez de fières légions
Sur un monceau de morts disputer la victoire,
Donnez pour tout secours des bénédictions.
Ne ressemblez pas à vos frères
De Saint-Jacques et de Saint-François ;
Leurs processions autrefois
Étaient des marches militaires
Qui faisaient trembler Henri trois ;
Des drapeaux étaient leurs bannières,
Et ces saints dans leurs mains guerrières
Portaient le mousquet et la croix.
Vous avez quitté leur besace,
Et leur sandale et leur cordon ;
Irez-vous prendre leur cuirasse ?
Croyez-moi, le fils d'Apollon
Ne doit tenir que la lyre d'Horace.