Nouveau siècle (Le)
Auteur(s)
Mots-clés
Paratexte
Vaudeville
Texte
Air : Contre les chagrins de la vie (Petit-Matelot)
Déjà vieilli par cent années,
Riche en forfaits comme en vertus,
Pour de nouvelles destinées
Mil-huit-cents s'éloigne et n'est plus.
Si le mieux remplace le pire,
Si la Raison tient son flambeau,
Chacun s'empressera de dire :
Voilà bien un siècle nouveau. (bis)
Un nouveau siècle vient d'éclore ;
Ce qui s'envole est remplacé.
Que de gens qui, jeunes encore,
Sont déjà du siècle !
Et que d'autres, sans calomnie,
Doivent trouver heureux et beau,
Grâce à leur audace impunie,
D'avoir vu le siècle nouveau ! (bis)
Quand un siècle a vu dans la France
Les pantins, les aérostats,
Les ridicules, la régence,
Et la banque et les assignats,
Les perruques, le galvanisme,
Les francs-maçons et Ramponneau,
La vaccine et le mesmérisme ;
Qu'attendre du siècle nouveau ? (bis)
Les épouses seront fidelles ;
Les maris resteront amans ;
Les filles, jeunes, sages, belles,
N'écouteront… que leurs mamans ;
Maint parvenu sera modeste ;
Thémis ôtera son bandeau :
Par cet essai jugez du reste,
Voilà bien un siècle nouveau. (bis)
La paix va finir les allarmes
De la France et de l'univers,
Faire couler de douces larmes,
De bon vin et de méchans vers ;
Mais ce qui, dans cette occurence,
Me fait surtout crier bravo,
C'est que l'anglicane influence
N'a pas vu le siècle nouveau. (bis)
Si je vois l'intrigue impunie,
Les Midas promus aux emplois,
Partout la vérité bannie,
L'or imposant silence aux lois,
Les sots accueillant la bassesse,
La chicane dans le barreau,
Je m'écrirai dans ma tristesse :
À quoi bon un Siècle nouveau ! (bis)
Mais si les arts et l'abondance,
Assis près de la Liberté,
Unissent à la tolérance
Bonheur, décence, esprit, gaîté ;
Si je vois de la République
La Concorde orner le berceau,
Je dis dans un transport civique :
Salut, gloire au siècle nouveau ! (bis)