Vers à Bonaparte, au moment où le peuple français votait sur cette question : Napoléon Bonaparte sera-t-il consul à vie ?
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Texte
Toujours mon sexe adora les héros,
Au temps jadis il en fut l'âme ;
Ces temps, hélas ! Étaient fort beaux,
C'était régner que d'être femme.
Mars lui-même encensait la reine de Paphos,
Et voyait s'enrôler l'Amour sous ses drapeaux.
Pourquoi n'avons-nous plus la gloire
De nous signaler à propos ?
Et d'où vient qu'en ces jours de paix et de victoire
On nous condamne à l'indolent repos ?
Pourquoi, sans nulle politesse,
Nous priver de l'honneur de donner notre voix
À celui qui causa la commune allégresse,
Qui nous créa de sages lois,
Et qui, jeune, égala, par de nobles exploits,
Les plus fiers conquérants de Rome et de la Grèce ?
Vos plumes, à la vérité,
Sont lumineuses, éloquentes ;
Elles sont mâles et savantes ;
Vous parlez avec majesté
Dans vos tribunes imposantes ;
Mais, messieurs, nous avons un instinct délicat,
Qui, pur et vrai, jamais ne nous égare ;
Chez vous le sentiment est rare,
Et chez nous il domine, et règne sans éclat.
Dans notre choix, c'est le cœur qui nous guide ;
Nous aimons, vous délibérez,
Nous sentons quand vous admirez ;
À nos vœux, en un mot, c'est le ciel qui préside.
Lisez-vous l'Évangile, on y vante deux sœurs
Au fils de Dieu bien chères l'une et l'autre :
Toutes deux de l'amour connaissaient les douceurs,
Et nous les imitons, sans craindre les censeurs…
LA BONNE PART sera la nôtre.